Accompagner la nouvelle génération sur le marché de l’emploi : en fait-on assez ?
- Jennyfer MONTANTIN

- 5 juil. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Cette question me trotte dans la tête depuis quelque temps. Plusieurs éléments ont contribué à cette prise de conscience :
Dans ma pratique RH, j’observe les difficultés croissantes à faire cohabiter efficacement des équipes intergénérationnelles.
Les réponses souvent inadaptées des entreprises aux besoins professionnels des jeunes générations.
Le décalage entre les attentes académiques et les compétences réellement attendues sur le terrain.
Le traitement réservé aux jeunes pendant la pandémie (privation de stages, de petits boulots, etc.).

Que se passe-t-il aujourd’hui sur le marché du travail pour les jeunes générations ?
Grâce à ma pratique RH et deux missions d’insertion professionnelle à destination du public jeune, j’ai pu aborder ce sujet avec une approche de terrain :
Objectif Premier Emploi de la région Île-de-France : une expérimentation visant à accompagner des lycéens issus de filières professionnelles vers leur premier emploi.
L’École de la Deuxième Chance : un réseau national d’établissements qui accompagne les 16–25 ans dans la construction de leur projet professionnel à travers des enquêtes métiers, une remise à niveau et des stages de découverte en entreprise.
À la question « En fait-on suffisamment pour accompagner les jeunes vers l’emploi ? », ma réponse est clairement non.
Auriez-vous aimé avoir 20 ans en 2022 ?
Collectivement, nous sommes loin d’en faire assez pour garantir une insertion professionnelle solide à la jeune génération. Trois causes principales me semblent incontournables :

3 causes principales :
1. Une culture du diplôme comme seule échelle de valeur.
Notre société reste enfermée dans une vision hiérarchique des parcours basée uniquement sur le diplôme, au détriment des compétences et des talents.
2. Des jeunes insuffisamment préparés.
De nombreux jeunes sortent du système scolaire sans les bases nécessaires : savoir lire, écrire, compter... Et il est difficile, parfois, d’aborder même la question du savoir-être.
3. Une rupture entre école et monde professionnel.
Il est, selon moi, inconcevable qu’un jeune termine son parcours scolaire sans posséder un CV professionnel ni avoir une idée, même imprécise, de son orientation. Dans mon expérience, seuls 9 % des élèves possédaient un CV ou un début de projet professionnel en début de parcours (2 élèves sur une promotion de 22).
Trois propositions concrètes à mettre en œuvre.
1. Systématiser l’apprentissage du CV dès le collège et le lycée.
Apprendre à rédiger un CV capable de décrocher un entretien devrait être un réflexe éducatif aussi important que la rédaction d’une dissertation.
2. Développer les stages d’observation longs et répétés.
Il est troublant de constater que l’on puisse arriver à l’âge adulte sans avoir expérimenté de manière concrète une orientation professionnelle. Il est essentiel de permettre aux jeunes de tester, d’explorer, de se tromper et d’ajuster leur projet.

3. Responsabiliser les jeunes.
Il serait trop facile de faire porter toute la responsabilité au système. Certains jeunes s’engagent avec motivation dans des dispositifs d’accompagnement, d’autres arrivent désabusés, convaincus que trouver un emploi est mission impossible.
L’accompagnement à la connaissance de soi, aux codes de l’entreprise et à l’éducation financière sont des leviers essentiels de responsabilisation.
Cet article est aussi l’occasion de :
Remettre à l’ordre du jour un sujet trop souvent éclipsé par des actualités sanitaires et géopolitiques.
Saluer les initiatives positives existantes.
Remercier les chefs d’établissement, les responsables de site et les enseignants qui m’ont accordé leur confiance dans l’accompagnement de nombreuses promotions de jeunes.



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